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OKPour une production plus élevée d'électricité pilotable en hiver
Aurons-nous en Suisse suffisamment d'électricité en hiver et à des prix abordables à l'avenir également ? Cette question revient de plus ou plus fréquemment dans les milieux politiques, économiques et sociaux. Les raisons en sont bien connues: En raison de l'absence d'accord sur l'électricité avec l'UE, la Suisse court un risque croissant de pénurie d'électricité, car à partir de 2025, il sera plus difficile d'importer de l'électricité des pays voisins pour combler le manque d’électricité hivernale. Et ceci d'autant plus que la Suisse a toujours fait partie des importateurs nets d'électricité pendant l'hiver. Les prix de l'électricité sur les bourses européennes de l'électricité pour cet hiver soulignent l'importance et la rareté de cette énergie hivernale.
C'est pourquoi différentes solutions et approches pour renforcer la sécurité d'approvisionnement en hiver sont abordées en Suisse, sous la pression du temps et à plusieurs niveaux. De la Confédération aux cantons en passant par la Commission fédérale de l'électricité (ElCom) et les associations de la branche telles que l’AES, plusieurs approches sont évoquées, dont notamment l'utilisation occasionnelle de centrales à gaz. Les acteurs sont tous unanimes sur un point: la Suisse a besoin de produire plus d'électricité flexible et pilotable en hiver. Et pour cela, l'énergie hydraulique, épine dorsale de l'approvisionnement en électricité de la Suisse depuis des décennies et principale source d'énergie renouvelable indigène, est prédestinée.
Table ronde consacrée à l'énergie hydraulique: Liste de 15 projets
A l’invitation de la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, présidente du Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC), des expertes et experts discutent depuis août 2020 dudit thème. La «Table ronde consacrée à l'énergie hydraulique» a identifié 15 projets qui pourront contribuer considérablement à la sécurité d'approvisionnement – tout en ayant un impact relativement faible sur la biodiversité et le paysage par gigawattheure (GWh) d’accumulation supplémentaire. Par ailleurs, ils répondent aux dispositions légales actuelles. La réalisation de ces 15 projets permettrait d'atteindre une production saisonnière avoisinant les 2 000 GWh (soit 2 000 millions de kWh) d’ici 2040. Cela correspond à la consommation d'électricité d'environ 1,8 million de ménages sur trois mois.
Projet «Gornerli» – un grand potentiel
Avec 650 millions de kWh de production hivernale supplémentaire – soit un tiers du potentiel identifié – le lac d’accumulation polyvalent du «Gornerli», situé au-dessus de Zermatt, présente clairement le plus grand potentiel sur la liste de la «Table ronde consacrée à l'énergie hydraulique». Grâce à ce projet commun de la société Grande Dixence SA (actionnaires: Alpiq, Axpo, BKW, IWB) et de la commune de Zermatt, il sera possible de stocker environ 150 millions de m3 d'eau pour l'hiver et de les turbiner dans les installations de la Grande Dixence. En parallèle, le lac fait office de bassin de rétention des crues et permet ainsi de bien mieux protéger Zermatt, avec un impact positif sur la vallée de Zermatt tout entière.
Un projet tout aussi prometteur est celui de la région d'Oberaletsch. Ici, il serait question d'utiliser le lac qui se forme actuellement tout seul en raison de la fonte du glacier (capacité: 25 millions de mètres cube d’ici 2030). Il serait possible de produire près de 100 millions de kWh d'électricité renouvelable supplémentaires, dont 50 millions de kWh en hiver. Ce projet est développé par Electra-Massa AG (actionnaires: Alpiq, BKW, IWB, Axpo, FMV et Groupe E). Le projet serait réalisé en partenariat avec les communes concédantes de Naters, Riederalp et Bitsch, ainsi qu'avec le canton du Valais.
Nombreux projets de rehaussement de barrages existants
Sur la liste de la table ronde consacrée à l'énergie hydraulique, figurent également de nombreux projets de rehaussement de barrages déjà existants. Ceux-ci présentent l'avantage de stocker plus d’eau, tout en ayant un impact comparativement réduit sur l'environnement. Toutefois, ils ne permettent d’augmenter que légèrement la capacité de stockage pour l’hiver comparé à un nouveau lac. Du point de vue technique, il est possible de rehausser plusieurs barrages de cinq à maximum 10 mètres. Citons par exemple le rehaussement du barrage d'Electricité d’Emosson (actionnaires: Alpiq, EDF), qui augmenterait la capacité de stockage du deuxième plus grand barrage de Suisse de 58 à 115 millions de kWh pour l'hiver. De même, du côté de Forces Motrices de la Gougra SA (actionnaires: Alpiq, Rhonewerke, Oiken et les communes concédantes d'Anniviers, Chippis, Chalais et Sierre), il serait possible de produire jusqu'à 120 millions de kWh d'électricité hivernale en plus, en rehaussant le barrage de Moiry et/ou en remplaçant le barrage de Tourtemagne.
Cependant, comment réaliser les projets listés dans le cadre de la table ronde consacrée à l'énergie hydraulique? L'inscription de ces projets sur la liste souligne leur potentiel. Mais cela ne suffit pas. Le temps presse et le chemin est encore long. Les conditions-cadres déterminées par les politiques au niveau fédéral avec la conception d'un acte modificateur unique (Loir sur l'énergie et Loi sur l'approvisionnement en électricité) jouent un rôle crucial ici. En outre, il faut une bonne coordination entre les acteurs de la branche de l'électricité et les autorités, ainsi qu'une volonté de compromis de toutes les parties dans la pesée des intérêts entre la sécurité d'approvisionnement en électricité et la protection de la nature et du paysage.
«Nous devons rapidement mettre en œuvre les bons projets. Le projet «Gornerli» est un parfait exemple. Quasi aucun autre endroit en Suisse n'offre la possibilité de produire autant d'électricité hivernale supplémentaire et pilotable. A l'exception d'un barrage relativement bas et d'une station de pompage, aucune autre installation ne devrait être construite – pas de conduite forcée, pas de centrale et aucun nouveau pylône. Du point de vue de l'approvisionnement hivernal, ce projet est indispensable.»
Amédée Murisier
responsable Production hydraulique Suisse
